Comment saisir l'opportunité de grandir collectivement en évitant l'opportunisme qui est l’apanage du soi égoïste ? Cette question est difficile tellement elle place chacun face à ses contradictions… Savons-nous identifier lorsque nous sommes opportunistes ? Lorsque nous profitons d’une façon ou d’une autre de la situation ou pire encore, du malheur de nos semblables pour construire notre bonheur ou pour simplement se sentir utile et à sa place ?
Se « sentir » à sa place n’est pas suffisant pour légitimer cette prise de position car il est question d’un senti(ment) et les sens sont trompeurs lorsqu’ils n’obéissent pas à la royauté intérieure, l’âme. Demeurer dans le royaume de l’âme est très difficile tant qu’on ne s’est pas détaché des affaires économiques du monde. Le « détachement » économique, ne signifie pas une indifférence face aux nécessités économiques mais une relation libre qui ne nous assujettit pas aux biens matériels.
Dans un monde structuré principalement autour de la croissance économique, identifier les opportunités est équivalent à bousculer ses frères et sœurs pour se faire une place au soleil. Cela consiste souvent à trouver la faille qui a causé du tort aux autres et à en profiter.
La crise actuelle est symptomatique du péché d’avidité qui nous place aujourd’hui dans une profonde dépendance économique. Le problème n’est pas l’argent ou l’économie mais bien les intentions qui animent la croissance sociale.
Les états n’arrivent plus à stopper la pandémie sans détruire le tissu social et économique et les mesures sanitaires engendrent toujours plus de souffrances mentales dues à l’impossibilité d’exercer une activité ou une créativité professionnelle. De plus, il y a les dégâts structurels économiques collatéraux qui se rajoutent par-dessus et font croître la pauvreté et développent une paralysie entrepreneuriale.
Nous sommes dans la quadrature du cercle et chaque solution apportée actuellement plonge les Sociétés plus encore dans la dépendance économique et dans la compréhension de l’embrigadement systémique financier qui dirige le développement sociétal.
Ce problème global ici ramené au niveau individuel concerne la notion que nous avons du bonheur. Le bonheur des uns fait le malheur des autres… Cela est tout à fait normal pensez-vous. Peut-être même vous dites vous que cela ne peut être autrement, qu’ainsi vont les choses de la vie ?
Et fait non et c’est bien pour cela que l'âme a égrainé dans l’adn de chaque individu sur la Terre, le principe de l’éthique et de la vertu pour qu’un jour, celui-ci découvre au travers de sa sensibilité que cette réalité n'est ni normale, ni tolérable et qu’il lui appartient seul de la changer.
Ce qui fait que notre quête du bonheur est vouée à un échec collectif, c’est qu’elle débute par une erreur d’appréciation, un manque de connaissance de soi. Comme tout manque, il demande à être comblé. Cependant, ce remplissage se fait majoritairement par l’extérieur soit, par la consommation de matériels, de loisirs et de relations humaines. Seulement le manque nourrit un manque toujours plus grand. Le bonheur ne doit pas être une quête mais la conséquence d’une activité organisée selon la voie du cœur. Le bonheur est une notion liée à l’intériorité.
Notre monde n’a jamais créé autant de millionnaires et pourtant les gens ne sont pas plus heureux même si proportionnellement il y a moins de souffrance dans le monde. Si la quête du bonheur devait être la clé pour un épanouissement collectif, alors pourquoi il y a autant d’argent sur Terre autant de matériels à acquérir et si peu de gens pleinement heureux ? Même les gens riches ne sont pas heureux et pourtant tout porte à croire qu’ils ont su saisir les bonnes opportunités.
La vie propose continuellement des opportunités mais qu'elle est l'intention que nous plaçons en elles. Et quand bien même nous débutons dans une ferme intention de bien, poursuivons-nous toujours en gardant cette intention initiale ?
Ce qui manque à ce monde c’est de la bonté, de la véritable bonté. La bonté aide à poursuivre une activité tout en maintenant l'intention de bien. Agir d’abord en ayant pour intention d’être bon envers les autres et le monde est la voie qui permet à l'action de trouver le juste chemin. Le bonheur n'est pas synonyme de bonté mais la bonté construit le bonheur. Il ne s’agit pas d’une bonté personnelle qui chercherait encore à se nourrir elle-même mais d’une profonde bonté d’âme qui se répand dans tous les interstices de l’existence et qui imprègne l’environnement social.
La bonté est le rayonnement de l’amour qui s’est déversé dans le cœur laissant resplendir tous les parfums de l’âme. Le cœur ainsi libéré et flamboyant, irradie la puissance de l’amour.
Un monde sans bonté est pauvre, fade, engourdie, désenchanté, froid et triste. Il succombe alors à toutes les tentations extérieures. Enfermé dans sa tiédeur, il se saisit de toutes les opportunités pour écraser à coup de consommation le bien, le beau et le vrai. La poésie disparaît et les valeurs humaines s’effondrent.
Tandis que la profonde bonté embrase les cœurs, soulève les masques. Elle pourfend de son ardeur la mollesse et brûle l’apathie. Chaque matin, on peut se lever et se demander comment apporter de la bonté dans le quotidien, comment la déployer dans ses activités et la partager avec autrui.
Un monde qui s'active au travers de la bonté est un monde heureux car ainsi, tous se meuvent pour le bonheur de tous. Le vrai bonheur qui est aussi la bonne heure ou le moment opportun (aux portes de l'Un) est la conséquence de la bonté qui porte le but affirmé d’un épanouissement collectif.
Le bonheur ne devrait jamais être entrevu d’une autre façon que collectivement. Comment être heureux alors que tant de misère peuple encore ce monde, alors que tant d’inégalités demeurent. Si vous pensez que cette question ne vous concerne pas, alors détrompez-vous, elle nous concerne tous.
Construire son bonheur revient donc à apprendre à construire un bateau pour qu’un jour il puisse accueillir d'autres passagers que vous-même. Construisez une existence remplie de bonté et le bonheur sera ainsi partagé.
Crédit Image : Astrorms
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