Les tensions qui animent notre époque amènent à déchirer quelques-uns des nombreux voiles qui cachent la vérité. De nombreuses personnalités, des articles mais aussi des documentaires s’emparent de cette thématique pour nous dire qu'on nous cache des choses, que la vérité est tout autre, que nous sommes crédules, tels des moutons car nous ignorons la vérité de choses que nous devrions savoir. Cependant, lorsque nous parlons de vérité, de quoi parlons-nous ?
Ces tentatives souvent vaines de véritable sens critique nous interpellent tant les moutons semblent être toujours là où sont ceux avec lesquels nous ne sommes pas d'accord. Alors cessons de juger les autres que nous pensons dans l'erreur et continuons d'explorer les voiles devant nos yeux.
Il nous faut apprendre à investiguer la réalité afin de distinguer sans séparer la vérité de la réalité. Investiguer consiste à interroger, à déconstruire l’idole, l'idéal puis l'idée afin d’en laisser surgir la nature substantielle et ainsi accéder aux nombreuses nuances qui habitent le laboratoire de l’existence. Investir la nature de l'idée pour en connaître le fonctionnement et l’articulation dans le vaste champ de la vie.
Voici une image montrant un objet géométrique éclairé d’une certaine façon laissant apparaître trois formes différentes. D’un côté un cercle, sur un deuxième côté un carré et sur un dernier, un triangle. Avec écrit à chaque fois ainsi que sur la forme géométrique initiale « ceci est la vérité ».
Même si cette image est parlante pour exprimer le fait que chacun détient une part de vérité il n’en reste pas moins que cette image nous induit en erreur. Chacun de nous ne détient pas un fragment de vérité mais il peut y avoir accès, s'il consent à un effort certain pour s'élever à une hauteur suffisante, à l'espace de la vérité.
Chaque forme indique une expression d’un même objet supposé être la vérité. Or, la vérité ne saurait demeurer dans un objet ainsi, les formes représentées ne peuvent être vraies... Simplement parce que la vérité existe uniquement telle que nous la projetons. Notre humilité devrait nous amener à accepter qu'elle réside à un endroit qui est hors de portée du mental humain puisque hors de l'existence.
La seule chose que nous pouvons faire c’est de vivre une réalité exclusive de la vérité. Celle-ci demeure voilée de croyances formées par nos expériences, nos mémoires, conditionnements et attachements. Même en étirant l’expérience du réel aux confins de notre intellect, elle ne peut contenir La vérité. Cette dernière restera toujours exclusive. Elle restera un triangle, un cercle ou un carré.
L'objet central est la représentation collective de la vérité telle que nous sommes capables à notre époque de nous la représenter. C'est la façon dont la conscience globale de l'humanité est capable de la projeter et en fait un concept global, un objet identifiable réel. La réalité est par conséquent une version déformée et exclusive de la vérité. Par conséquent, c’est nous qui déformons par nos représentations la vérité. En souhaitant la définir ou l'expliquer, nous avons besoin de la représenter et c'est cette représentation conceptuelle, objective qui nous éloigne de sa nature.
Par un éclair de lucidité, on peut percevoir à travers tout son être l'évidence du vrai mais on ne peut pas connaître La vérité puisque sa globalité est en tant que telle, inatteignable. Son immensité nous renvoie à notre individualité et nous oblige à l’expérience seule de la réalité. Une réalité soufflée par la vérité elle-même.
À nouveau, c’est par la déconstruction que se révèle la véritable nature des choses.
Donc, si nous reprenons notre image, La vérité n'est pas présente sur l'image car elle ne peut être représentée puisqu'elle n'existe pas. La vérité n'est pas non plus l'objet central. C'est la lumière qui est hors du champ de l'existence qui place au centre l'objet concevable de la vérité et c'est cette même lumière qui projette ses formes dans l'intellect de chacun.
Nous ne faisons que traduire cette lumière par une forme identifiable, un prisme individuel. Cela signifie que la source lumineuse qui se trouve être La vérité ne peut se vivre en tant que vérité mais en tant que réalité seulement. Les formes renvoyées sur les murs sont des réalités imprégnées de défauts d’interprétation. Chacun de nous n’expérimente qu’une réalité objective pour soi et subjective pour les autres, de la vérité.
On ne peut percevoir que les effets de la lumière sur l'objet central de la même façon que nous ne percevons que les effets de la vérité dans notre existence par des formes tronquées.
Pour autant, nous pouvons tous accéder à la vérité en tant que lumière et accepter qu'elle soit traduite avec des défauts pour chacun. On peut finalement dire que de nombreuses réalités construites mentalement n’impliquent pas nécessairement la vérité mais que de la vérité, surgissent de nombreuses réalités. La réalité est ainsi, une version dénaturée de la vérité.
Plus nous déconstruisons notre réalité objective plus nous produisons une réalité subjective libre de toute interprétation afin d’être préservée dans sa nature. L'activité humaine ne fait que produire de la réalité. Une question peut alors guider nos méditations quotidiennes ; de quel genre de réalité nous souhaitons alimenter le monde ?
Cependant, que faisons-nous de cela face au complotisme actuel, lorsque la perception de la vérité semble aussi éloignée de sa nature originelle ?
Tout d'abord reconnaissons que la montée du complotisme est un marqueur important dans le monde puisqu'il est émergence d'un désir profond de vérité et d'une vie différente, libérée des contraintes actuelles. Ceci est avant tout une excellente nouvelle pour notre humanité et son futur. Le désir de vérité est un déclencheur précieux pour l'éveil des sociétés et leur transformation.
Une très grande partie des personnes plongées dans l'obscurantisme le sont car elles n'ont pas été éduquées à une ouverture de conscience. D'autres ont reçu principalement une éducation religieuse qui a le plus souvent enfermé les esprits dans des dogmes. Mais qu'en est-il de certaines personnes qui ont reçu une éducation universitaire et une éducation spirituelle soutenue ? Pourquoi, elles aussi mettent en doute les intentions des gouvernements, des philanthropes, des organisations mondiales ?
Cela pourrait venir d'une crise actuelle liée au maintien du mental dans la lumière que connaissent beaucoup de cheminant ainsi que des groupes de travail. La posture dans la lumière, active et renforce les forces noires et cela perturbe grandement la sensibilité humaine dans sa perception.
Le paradoxe, c'est que toujours plus de personnes progressent sur le chemin et que cela amène les groupes à percevoir, par le développement du canal de l'intuition, des messages clairs et des actions qui ont des effets énergétiques sur le monde. D'un autre côté, il y a des personnes qui n'ont pas encore suffisamment stabilisé ce mental dans la lumière et alors les effets de la dualité se renforcent et poussent dans des espaces encore obscurs.
Ce déferlement n'est que le présage de l'inéluctable suprématie de la lumière sur le monde. Le royaume de l'âme s'en vient et ces phénomènes ne doivent pas nous faire peur mais au contraire nous renforcer dans notre activité quotidienne.
Servons-nous de cela pour continuer à soutenir la lumière de la vérité dans sa plus large diffusion. Il est inutile d'attaquer les formes noires extérieurement déjà présentes sans augmenter la force de celles-ci. Continuons de déverser les énergies d'amour, d'intelligence, d'harmonie sur monde et de soutenir par nos activités quotidiennes, la voie du bien.
Conspirons (du latin spirare : respirer avec) à l'unité du monde, à son éveil et sa transformation. Puisque cela n'est réalisable qu'au travers de notre individualité et de celle des groupes, plaçons l'amour du bien au centre de notre existence.
Crédit Image Ormous
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